C’est quoi le programme Young Global Leaders, le réseau dont ont fait partie Emmanuel Macron et Gabriel Attal?
Les Echos, 10 Aprile – Le programme « Young Global Leaders » révèle chaque année les jeunes dirigeants les plus « exceptionnels ». Dans les anciennes promotions, on retrouve Emmanuel Macron, Christel Heydemann, directrice d’Orange, Marlène Schiappa, ou encore Gabriel Attal. La promotion 2024 vient d’être dévoilée par le Forum de Davos, qui a constitué ainsi depuis 20 ans un très puissant réseau.
4 avril 2024, sur les réseaux sociaux les publications qui annoncent la nouvelle promotion des Young Global Leaders se multiplient. Au total, 90 vingtenaires et trentenaires ont été sélectionnés dans ce programme concocté par le Forum économique mondial (autrement appelé Forum de Davos). Ils sont patrons d’entreprise, athlètes, hommes/femmes politiques, entrepreneurs sociaux, universitaires ou artistes, et issus de toutes les zones géographiques du monde. Parmi eux, Alexander Rodnyansky, conseiller économique du président Ukrainien, Katharina Amann directrice générale d’une société d’assurance, le président de l’Equateur Daniel Noboa et une française, Camille François , directrice de l’innovation chez Graphika, une entreprise experte en analyse de l’influence sur les réseaux sociaux font partie des lauréats.
Pendant trois ans, ces jeunes leaders auront accès à des formations dans les plus grandes universités du monde Harvard, Stanford ou encore Wharton. Gestion d’entreprise, Leadership, développement durable, les formations couvrent des domaines variés. Mais surtout ils auront de multiples occasions de créer des liens avec des personnalités influentes du monde entier, notamment au sein des précédentes promotions.
En 20 ans, ce programme a vu passer des pointures du monde économique comme Elon Musk (Space X, Tesla), Mark Zuckerberg (Meta), Sergey Brin (Cofondateur de Google), mais aussi l’acteur Leonardo DiCaprio ou le Premier ministre du Canada Justin Trudeau. Ce qui en fait le réseau social privé le plus exclusif au monde, selon certains observateurs avertis.
Un réseau mondial puissant
En quoi consiste ce programme ? Les lauréats commencent réellement leur aventure six mois après leur nomination, en octobre, lors d’une rencontre inaugurale. Pendant cet événement, la nouvelle promotion se retrouve pendant deux jours pour réfléchir sur des thématiques qui ont un impact sur la planète entourée des anciennes promotions.
Roselyne Chambrier a participé à la rencontre annuelle en octobre 2023 à Dubaï : « C’est assez incroyable comme expérience. On assiste à des discussions, des tables rondes, à des travaux de réflexion sur l’IA, le changement climatique, ou l’industrialisation ». À 37 ans, cette diplômée de l’ESCP, ancienne banquière d’investissement chez HSBC, dirigeait au moment de sa nomination le groupe panafricain Arise, spécialisé dans la construction d’infrastructures, en Côte d’Ivoire.
Le plus passionnant pour elle ont été les rencontres : « On se retrouve avec des gens qui nous comprennent et qui sont exposés aux mêmes challenges que nous », s’enthousiasme-t-elle.
Cette réunion sert à nouer des liens au sein de la promotion et pose les bases de la vraie fonction de ce programme : construire un réseau mondial fort et influent. « Nous avons des groupes WhatsApp et Telegram très actifs, où chacun met ses compétences aux services des autres en fonction des besoins et on partage beaucoup d’initiatives », insiste Carlalberto Guglielminotti.
Un processus de sélection exigeant
En 20 ans d’existence, le programme compte près de 1.400 membres. Il a tous les attributs d’un club sélect. « Pour devenir Young Global Leader, il faut être parrainé par un ancien du programme ou un membre du forum économique mondial », confie Roselyne Chambrier de la promotion 2023 et dont la candidature a été proposée par quatre anciens Young Global Leaders.
La cooptation n’est que la première étape d’un long parcours sans garantie de succès. Le profil des candidats cooptés est examiné par des cabinets de conseil en recrutement pour dirigeants comme Egon Zehnder ou Heidrick & Struggles, puis par le conseil d’administration du Forum économique mondial qui établit la sélection finale. Leur boussole pour départager les candidats ? Ils doivent « être des leaders reconnus, inspirants et engagés dans la création d’un changement positif durable au sein de leur société et à l’échelle mondiale. »
Carlalberto Guglielminotti, PDG du Groupe NHOA, a 37 ans en 2020 quand Isabelle Kocher, ex-directrice du groupe Engie, sponsorise sa candidature pour devenir Young Global Leader. Il est à la tête à l’époque d’Engie EPS, la filiale du groupe spécialisée dans le stockage d’énergie. « Avant d’être sélectionné, j’avais déjà monté deux start-up. Avec NHOA (Engie EPS à l’époque), nous développions des projets de stockage d’énergie renouvelable qui amélioraient les conditions de vie des populations dans le monde entier. Personnellement je menais des activités sociales depuis longtemps au sein, entre autres, de la fondation Theodora qui apporte des moments de joie aux enfants malades », détaille-t-il pour donner un éclairage sur sa nomination.
Les candidats choisis par le conseil d’administration doivent ensuite passer une dernière étape, celle des entretiens avant de voir leur candidature validée. « J’ai passé deux entretiens avec des anciens Young Leaders. Ils jaugent notre motivation et l’intérêt qu’on a pour le programme », se remémore Roselyne.
En plus des formations et des rencontres, les Young Global Leaders peuvent faire partie de groupes de réflexion. Depuis sa nomination en 2023, Roselyne Chambrier participe aux travaux du groupe qui travaille sur le futur de la croissance mondiale par exemple.
Pour celles et ceux qui auraient envie d’intégrer ce programme, sachez qu’il n’est pas complètement gratuit. Les frais pour se rendre à la réunion annuelle et les déplacements pour suivre les différentes formations sont à la charge des lauréats. Le programme met néanmoins en place des aides pour que tous les nominés profitent des opportunités offertes.